Après les élections présidentielles

De Politis 62
Révision datée du 10 mai 2007 à 21:56 par Lucien (discussion | contributions)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à : navigation, rechercher

On s'intéresse ici aux enseignements que l'on peut tirer des récentes élections présidentielles, particulièrement sur le bassin minier : agglomérations de Lens-Liévin + Hénin-Carvin + Béthune-Bruay, soit les six circonscriptions de la 9ème à la 14ème : Béthune-Lillers, Bruay-Auchel, Carvin-Noeux-les-Mines, Liévin-Avion, Lens-Harnes et Hénin-Beaumont-Courrières.

Les similitudes et les différences avec les résultats nationaux

Gauche antilibérale

Faiblesse de la gauche antilibérale et des Verts, même si le total de leurs scores reste supérieur aux moyennes nationales. On ajoute ici les pourcentages du premier tour de Besancenot, Buffet, Voynet, Laguiller, Bové et Schivardi (10,7% au niveau national). Localement on obtient (entre parenthèses le % obtenu par le NON au référendum sur le TCE en 2005) :

  • Lens : 14,63% (NON TCE : 69,40%)
  • Liévin : 17% (NON TCE : 78,39%)
  • Béthune : 12,62% (NON TCE : 63,46%)
  • Lillers : 20,52% (NON TCE : 75,80%)
  • Hénin : 15,55% (NON TCE : 75,93%)
  • Carvin : 19,01% (NON TCE : 75,17%)
  • Bruay : 16,8% (NON TCE : 74,60%)
  • Auchel : 21,88% (NON TCE : 78,27%)
  • Noeux-les-Mines : 17,9% (NON TCE : 73,27%)
  • Avion : 28,43% (NON TCE : 84,02%)
  • Harnes : 21,45% (NON TCE : 78,95%)
  • Courrières : 15,19% (NON TCE : 73,03%)

Au sein de la gauche antilibérale, le PCF, comme au plan national, est très affaibli, y compris dans les municipalités qu'il dirige. Il ne dépasse la barre des 10% que dans quelques villes :

  • Rouvroy (16,40%)
  • Drocourt (16,05%)
  • Avion (15,5%)
  • Burbure (15,48%)
  • Grenay (14,89%)
  • Divion (14,42%)
  • Calonne-Ricouart (13,20%)
  • Sallaumines (11,19%)
  • Méricourt (10,53%).

Dans de très nombreuses autres, il est très souvent distancé par Besancenot, y compris dans des communes qu'il dirige (Angres, Houdain).

Bové est autour de sa moyenne nationale (entre 1 et 1,5%), Laguiller fait plutôt mieux, très souvent aux alentours de 3%.

Verts

Les Verts ne dépassent que rarement les 2% (Bénifontaine, Laventie) et réalisent leur meilleur score dans la commune qu'ils dirigent, Loos-en-Gohelle (2,92%).

Front National

Enfin, et ce n'est pas sans inquiéter, une différence sensible avec les résultats nationaux concerne le Front National, qui très souvent prend la 3ème place (c'est le cas sur l'ensemble du Pas-de-Calais), parfois la 2ème (Sallaumines, Liévin, Mazingarbe, Wingles, Vendin-le-Vieil, Meurchin, Hulluch, Grenay, Courcelles, Drocourt, Barlin, Hersin-Coupigny, Sains-en-Gohelle), et arrive même en tête à Pont-à-Vendin et Rouvroy. Dans de nombreuses villes, son score avoisine les 20% :

  • Pont-à-Vendin : 26,58%
  • Rouvroy : 21,68%
  • Avion : 17,58%
  • Bully : 18,03%
  • Harnes : 20,62%
  • Hénin : 18,6%
  • Liévin : 18,22%
  • Méricourt : 18,8%
  • Oignies : 19,28%
  • Sallaumines : 19,73%
  • Mazingarbe : 21,25%
  • Wingles : 24,16%
  • Vermelles : 22,02%
  • Vendin-le-Vieil : 22,48%
  • Noyelles-sous-Lens : 19,18%
  • Meurchin : 21,31%
  • Loison-sous-Lens : 22,22%
  • Hulluch : 20,98%
  • Grenay : 21,32%
  • Sains-en-Gohelle : 18,48%
  • Fouquières : 21,06%
  • Estevelle : 18,5%
  • Douvrin : 20,32%
  • Billy-Berclau : 19,64%
  • Bénifontaine : 18,39%
  • Annay : 20,91%
  • Billy-Montigny : 19,12%
  • Courcelles : 22,46%
  • Drocourt : 18,84%
  • Evin-Malmaison : 19,19%
  • Leforest : 17,96%
  • Montigny : 20,01%
  • Noyelles-Godault : 17,88%
  • Barlin : 20,08%
  • Bouvigny : 17,77%
  • Hersin-Coupigny : 21,79%

Le second tour

Globalement, sur l'ensemble des communes du bassin minier, c'est Royal qui l'emporte, parfois au dessus de 60% (Liévin, Bruay-la-Buissière, Auchel, Avion, Bully, Sallaumines, Grenay, Mazingarbe, Drocourt, Sains-en-Gohelle, Calonne-Ricouart, Divion). On peut d'ailleurs estimer que ce sont les résultats sur les communes du bassin minier qui permettent à la gauche de rester majoritaire dans le Pas-de-Calais, et d'être le seul département dans les trois-quarts Nord-Est du pays. Il faut cependant ajouter que, sur plusieurs villes de gauche du bassin minier, le score de Royal reste modeste. C'est la suite logique du premier tour, où, très souvent, le total des voix Sarkozy+Bayrou+Le-Pen était majoritaire, traduisant une part importante des habitants qui ont voté à droite. On peut notamment évoquer le pourcentage de Royal dans les communes de gauche suivantes :

  • Carvin : 52,77%
  • Harnes : 52,27%
  • Oignies : 52,63%
  • Annay : 52,27%
  • Givenchy en Gohelle : 48,17%
  • Souchez : 50,34%

La gauche de la gauche...

Comme au niveau national, elle est anéantie. Victime du vote utile, victime de la peur d'un nouveau 21 avril 2002. Mais (surtout ?) victime de n'avoir pas su présenter de candidature unitaire. Dans le bassin minier, sur les terres où le NON au TCE a fait ses plus gros scores, une candidature unique aurait pu changer la donne. Cette élection, il était important pour la gauche de la gauche de l'aborder unie. C'était l'occasion de traduire dans les urnes deux années de luttes, depuis le NON au TCE en passant par la victoire contre le CPE. Les citoyens, l'électorat populaire avaient besoin que soit tracée une perspective politique gagnante, ainsi qu'une perspective de rééquilibrage de la gauche. L'éparpillement des candidatures ne pouvait l'incarner. Sans unité, la gauche antilibérale ne pèse rien sur la scène politique. La sanction des urnes ne pouvait être que celle là...

Et maintenant ?

Les élections législatives sont dans un mois. On peut malheureusement craindre une nouvelle dispersion des forces antilibérales. La fédération du Pas-de-Calais du PCF a d'ores et déjà annoncé la liste de ses candidats dans chacune des circonscriptions du département. Les comités Bové se réunissent le 13 mai, certains de leurs membres ont déjà annoncé leur candidature, même s'il semblerait que la position soit "de ne pas être un facteur supplémentaire de dispersion des suffrages aux forces antilibérales et de se présenter chaque fois qu'un accord équitable pouvait être conclu localement (avec les autres forces présentes dans les CUAL: Alter Ekolo, Alternatifs, LCR, PC, .... .)". On peut s'attendre également à des candidatures de la LCR et de Lutte Ouvrière, ainsi que des Verts.

Il n'y a donc pas de perspective de victoire pour des forces antilibérales et écologistes, à l'occasion des prochaines législatives, sur le bassin minier. C'est pourtant sans doute un des territoires français où cette perspective victorieuse aurait été la plus envisageable : les pourcentages réalisés par les forces antilibérales et écologistes, et qui ont été relevés plus haut, en état de désunion, peuvent laisser imaginer d'autres possibles, en état d'union. Ils sont aussi à mettre en rapport avec le score réalisé par le NON lors du référendum sur le TCE, qui a également été indiqué.

Enfin, et peut être surtout, se pose la question des contenus, des idées, sur lesquelles faire porter la perspective de changement. Les 125 propositions issues des collectifs antilibéraux sont un bon point de départ. Il est cependant possible d'aller plus loin.

On peut penser en particulier aux propositions portées par les objecteurs de croissance :

  • Adoption d'un "revenu universel inconditionnel", au niveau du SMIC, de la majorité à la tombe.
  • Cette allocation serait financée par la mise en place d'un "revenu maximal autorisé", plafonné à quatre fois le SMIC.
  • Elle serait également allouée sous forme de droits de tirage sur des biens communs (énergie, eau, transports) et sous forme de monnaie locale, pour favoriser la relocalisation de l'ensemble des activités.
  • Extension de la sphère de la (quasi)gratuité, en rendant aux citoyens le pouvoir de décider ce qui doit être gratuit (le bon usage), renchéri (le mésusage) ou totalement interdit. Par exemple, dans le bassin minier, accès gratuit pour tous aux transports locaux et régionaux.
  • Bien sûr, ces mesures de développement de la gratuité doivent aller de pair avec d'autres mesures d'accompagnement. Par exemple, le développement des transports (lignes de bus ou de tramway pour se rendre d'un point à un autre du bassin minier); reconversion d'une partie du réseau routier en axes piétonniers, cyclables.
  • Également, dès le lendemain de l'élection de Sarkozy, des voix se sont interrogées sur la légitimité d'un président élu grâce à la collaboration active des principaux médias et groupes de presse. N'y-a-t-il pas là un axe de lutte à relayer auprès des habitants du bassin minier ? Y compris au travers d'actions de refus et de boycott des journaux télévisés et de la presse aux ordres ?
  • Enfin, il est sans doute temps de développer des initiatives qui permettent d'envisager de sortir du capitalisme. Par exemple, l'exigence de démantèlement de l'idéologie publicitaire et des grands groupes économiques qui en se développant sous forme de franchise commerciale tuent peu à peu toute économie non capitaliste. C'est une problématique bien réelle dans le bassin minier, envahi par la publicité et les grandes surfaces, et dont les activités économiques de petite taille se réduisent comme peau de chagrin; quelle ville n'a pas vu, ces dernières années, la disparition de petits commerces, d'activités de proximité ?
  • Entre autres initiatives à mener, on pourra aussi envisager d'attaquer le capitalisme, dans la région, "là où ça fait mal". C'est notamment ce que propose Paul Ariès dans un Manifeste pour la grève générale de la consommation.