Débat : désobeissance civile et illégalismes

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Cet article est le compte-rendu du débat organisé durant Le Printemps 2010 de Politis62. Pour mémoire, voir Le Printemps 2010 de Politis62 : le déroulement de la journée du 17 avril. Le thème choisi pour ce débat était La désobéissance civile et les illégalismes


Introduction et présentation par Benjamin

Aborde la question par la déclaration des droits de l'homme et du citoyen : «  Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs... » Ouverture du débat avec la pensée de David THOREAU, qui a permis d'étendre le concept de la désobéissance civile par l'action médiatique, avant de passer la parole aux différents intervenants.


Prise de parole par les volontaires de RESF Arras-Lens

Leur antenne a été crée en 2005.

Résume de l'intervention : Pour la question de l'engagement soulevé par le débat, la lutte et le combat doivent être le plus large possible. « C'est dans le cadre général de la lutte et du combat des citoyens que l'on peut obtenir le plus de chose, tout en étant le plus nombreux possible pour que la désobéissance soit possible. »


Prise de parole par les no-borders

C'est un mouvement européen né dans les années 1990.

Résumé de l'intervention : pour eux, la désobéissance se vit au quotidien, une des stratégies possibles est de laisser l'Etat les attaquer pour « délit de solidarité » afin d 'établir des faits juridiques qui pourraient être vecteurs de jurisprudence. « Quand une loi n'est pas bonne, on doit s'y attaquer ».


Prise de parole par les faucheurs-volontaires

Ils considèrent la désobéissance civile comme des moyens d'action supplémentaire pour obliger le débat quand on a utilisé tout les moyens légaux de négociation. « Désobéir, c'est imposer le débat. L'action est aussi un moyen de formation qui permet une accroche au débat qui est nécessaire. » Cependant, les faucheurs volontaires ont souligné que ce genre d'action est limité car il peut entrainer des condamnations financières. « La justice coûte chère ». Il est par conséquent très difficile d'assumer les amendes, mais il y a un lien formateur qui se crée en allant devant les tribunaux, car il y a provocation du débat avec des scientifiques, des intervenants, des chercheurs.


Prise de parole par la mutuelle des fraudeurs de Lille

Ce système mutualiste est présent partout en France. Après avoir expliqué le système de cotisation et le fonctionnement de la mutuelle, l'intervenante expose alors que ce principe de solidarité est utile et pas que financièrement, « car il apprend aux gens à passer au delà de la norme. »


Intervention de Karine Lamarche

Elle est sociologue, ATER, et prépare une thèse sur la résistance conjointe dans le cadre particulier du conflit Israëlo-palestinien. Elle expose alors quelque notions utiles à la compréhension du débat.

La désobéissance civile est un mode d'action dont on parle beaucoup et qui est une forme d'action collective médiatisée; elle fait ensuite référence à des auteurs comme THOREAU et GANDHI.

La rhétorique de ce terme est hérité de La Boétie : La servitude involontaire. Il y a donc l'idée de transgresser cette servitude. Et le terme civile, renvoie au concept de citoyen. Or on peut considérer que l'on n'est pas dans la rupture mais que l'on agit par intérêt général en désobéissant. Cependant la notion de désobéissance civile ( un but bien précis dans un cadre de nature politique) est limitée dans nos régimes démocratiques car elle renvoie à l'opposition qui est la criminalité, ce qui soulève notamment la question suivante : jusqu'où la désobéissance civile doit être non violente ?

C'est une confrontation qui revient fréquemment, dans un certain nombre de cas, par l'usage des corps (humains) qui peut être fait (rôle symbolique). Un autre rôle important et de délégitimer l'adversaire ( opposé alors à quelqu'un via le corps) et les militants peuvent également utiliser la force de l'adversaire pour les déstabiliser.

Enfin est abordé le rôle attribué aux médias, qui peuvent faire prendre conscience et faire émerger un débat. L'aspect du public est important face à des situations et des actes produits par la désobéissance civile. L'illégalisme ne vise parfois pas à être connu (ce qui renvoie à l'invisibilité qui peut être sectoriel ( cf : Michel FOUCAULT ).

Karine Lamarche conclut alors que la désobéissance civile est une des réponses aux moyens d'action. Il y a trois registres qui communiquent entre eux ; l'expertise ( recours à la science), la scandalisation ( qui fait appel à l'émotion) et les actions contestataires.


Interventions du public

  • problème de la connotation négative du vocable « désobéissance »
  • si la désobéissance civile a son efficacité où est la limite juridique ?
  • La désobéissance civile peut-elle être une réponse à la répression ?
  • Comment éduquer à la désobéissance, notamment avec les enfants ?
  • La désobéissance civile est différente de l'illégalisme
  • Qu'attend -t-on comme efficacité de ce genre d'action ?


On peut retenir que ce mode d'action afin de prendre un sens réel et être efficace doit être:

  • collectif
  • affirmé et argumenté
  • relayé par les médias
  • être porteur d'un message politique
  • se bâtir en opposition aux Institutions, ou à l'Etat qui est détenteur du monopole de la violence légitime