Eau : pourquoi la CALL recule

De Politis 62
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Le 18 février 2011, la CALL a décidé de prolonger d'un an (jusqu'en décembre 2012), les contrats de délégation du service de l'eau auprès de la multinationale Véolia. Les raisons invoquées sont toutes plus fantaisistes les unes que les autres. Politis 62 revient sur cette prolongation, et vous révèle les vraies raisons du recul de la CALL : comment une communauté d'agglomération dirigée par la gauche s'acoquine avec une multinationale.


Rappel des faits

La CALL doit décider de reconduire son partenariat public privé (un joli nom qui cache une réalité moins jolie, tout au moins quand on se revendique de gauche : la privatisation du service de l'eau au bénéfice des actionnaires privés) avec la multinationale Véolia, ou alors décider de ne pas reconduire le contrat, et de gérer l'eau en gestion publique.

Le contrat se termine en décembre 2011, et il était prévu que la CALL prenne sa décision en juin de cette année.

D'une manière assez inattendue, la CALL, c'est à dire son Président, Jean-Pierre Kuchéida ont décidé de prolonger le contrat actuel pour une année supplémentaire.


Le report de la décision de la CALL

Il y a tout d'abord la méthode

Le Président de l'agglo décide seul, sans aucune concertation. En tous cas sans aucune concertation avec les habitants. Les habitants sont vus comme des opposants, qui troublent le jeu politicien, le ronronnement douillet, les arrangements feutrés entre une agglomération de gauche et une multinationale.


Il y a ensuite les justifications

Des justifications complètement fantaisistes, qui traduisent la morgue des élus envers la population :

  • 1ère raison : la prolongation du contrat Véolia est un moyen de se donner le temps de mieux cerner le coût d'un retour en gestion publique. Rappelons à ce propos que toutes les villes qui sont revenues en gestion publique ont vu le prix de l'eau baisser !
  • 2ème raison : la suppression de la taxe professionnelle et les conséquences de la loi de finances pour 2011 ! Comprenne qui pourra ! Rappelons encore une fois quelques évidences : toutes les dépenses liées à l'eau sont payées par les factures des usagers. Les impôts divers et variés, taxe professionnelle et autres, ou encore la loi de finance n'influencent en rien le prix de l'eau !. Les arguments de la CALL sont tout simplement bidons !


Les vraies raisons

Elles sont malheureusement bassement matérielles. Le président de la CALL, en prolongeant le contrat d'un an, arrange les petites affaires de Véolia ... et prépare le renouvellement du contrat pour une bien plus longue durée.


Il n'y a pas de petits profits

Tout d'abord, rappelons que la situation de Véolia et de la CALL est intenable : la mobilisation des habitants, les réunions, séances d'information, les projections du film Water makes money ont permis d'établir le hold-up financier opéré par Véolia, sur les usagers. Les actionnaires de Véolia se font un bénéfice conséquent sur nos factures : au moins 16%, selon un cabinet d'étude officiel, ce qui sous-entend que c'est bien plus.

Devant une telle situation, Véolia et la CALL, s'ils veulent renouveler les contrats, sont contraints de faire une proposition avec des prix à la baisse. Aussi, en prolongeant le contrat actuel d'une année, ils s'assurent, durant une année de plus, de confortables bénéfices, en nous faisant payer au prix fort une année supplémentaire. Chez ces gens là, Monsieur, on pense... et on compte...


Mettons de l'ordre dans la maison

Ensuite, il y a la question des travaux d'entretien. Durant des années, Véolia a provisionné une partie du montant des factures, en prévision des travaux d'entretien du réseau d'eau. C'est bien, sauf que ces travaux n'ont jamais eu lieu. Le contrat actuel se terminant fin décembre 2011, en quelques mois ces travaux ne pourront pas être faits. Tout cela serait resté encore une fois inaperçu, si les habitants, ces empêcheurs de profiter en rond, n'avaient rendu publique la chose.

Aujourd'hui, pour la CALL et son président, ça fait désordre... Ils sont contraints de demander à Véolia d'effectuer, au moins en partie, ces fameux travaux. Dans cette perspective, une année supplémentaire, ça tombe bien ! Jean-Pierre Kuchéida et la CALL pourront annoncer fièrement nous avons durement négocié avec Véolia, nous les avons contraints à effectuer les travaux prévus, on peut donc continuer à travailler avec eux.

Merci, Monsieur le président, mais ça pose deux questions :

  • Qu'est ce que vous faites pour tous les profits que Véolia s'est fait sur nos factures, depuis des dizaines d'années ?'
  • Toute honte bue, vous ne trouvez pas génant, en tant qu'élu de gauche, de défendre mordicus la privatisation de l'eau sur l'agglomération ?


Au poker, c'est mieux quand on connait le jeu de l'adversaire

Il se trouve que, dans l'agglomération (et sans doute ailleurs), le jeu de poker et le jeu politicien ont des caractéristiques communes.

Concernant la question de l'eau, la CALL et Véolia vont devoir miser, au moment de faire une proposition de renouvellement du contrat. La mise, c'est le prix qu'ils vont devoir afficher, concernant la facturation au m3 d'eau, ainsi que le forfait d'abonnement. On l'a vu plus haut, ce prix sera forcément à la baisse, pour tenir compte de la grogne qui monte.


Or, la mobilisation de eau ... secours 62 a permis d'obtenir que la CALL paye une étude contradictoire, réalisée par des ingénieurs issus du service public de l'eau. Ce seront notamment deux salariés des services publics des eaux de Paris et de Grenoble, qui sont en régie publique, après s'être débarrassés de Véolia et de Suez. Cette étude doit démarrer très prochainement, et, entre autres préconisations, indiquera un ordre de grandeur financier, qui pourrait correspondre à un prix acceptable de l'eau.

Il est alors évident que la CALL, une fois connue cette proposition de prix public, communiquera l'information à Véolia... qui alignera son prix.

Bien, mais alors, direz-vous : si Véolia baisse son prix, tout va très bien, Madame la marquise. Oui, mais ...

  • Que fait la CALL, encore une fois, concernant les gigantesques profits que Véolia s'est fait sur notre dos, toutes ces années passées ?
  • Et puis surtout, qui est dupe ? Il est évident que, en baissant ses prix, Véolia se rattrappera autrement, et plus tard. Ces sociétés multinationales sont des pieuvres, qui sont uniquement mûes par le profit.
  • Enfin, au delà de la question du prix de l'eau, ce qui nous importe c'est de changer complètement le mode de gestion. En nous débarrassant de Véolia, nous souhaitons remettre au centre les questions de l'intervention des citoyens, dans la gestion d'un bien fondamental. Et ça, ça n'est pas possible avec Véolia aux commandes.


Alors, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

Et bien on continue à se battre, et à dire aux élus de la CALL : vous êtes de gauche, alors appliquez une politique de gauche ! En France, des collectivités de plus en plus nombreuses rejettent Véolia. Il n'appartient qu'à vous de vous situer en conformité avec vos idéaux de gauche.

Dans cette perspective, des usagers, des citoyens, des associations, se mobilisent. Parmi eux, eau ... secours 62 relance sa campagne pour le retour en régie publique