Grenoble, un an après

De Politis 62
Aller à : navigation, rechercher


Un article paru dans Politis, le jeudi 28 juillet 2011, Alain Manac’h


Alain Manac’h est président de la Maison des habitants des Baladins . Cette structure regroupe dans le quartier de La Villeneuve, à Grenoble, un centre communal d’action sociale, une association socioculturelle pour les jeunes, un service social 
du Conseil général, un service de santé scolaire...

Un an… On peut aimer les anniversaires. Mais pas celui-ci, qui célèbre l’embrasement de La Villeneuve à Grenoble et le discours de Nicolas Sarkozy « contre l’insécurité ». Toute la presse se rue alors sur l’événement avec l’air de dire : « Alors, vous nous le faites comment, cet anniversaire ? » Et d’interroger les habitants en demandant s’ils savent où et comment ça va brûler…
La une du rrDauphiné libérérr du 16 juillet n’est qu’un appel à en découdre : publier, encore une fois, une photo alarmante de La Villeneuve ! C’est de la provocation ?


Plus sérieusement : le discours de Grenoble n’a pas changé le mal-être des habitants de ce quartier. La guerre appelle la guerre. Il n’y a donc pas « la paix » à La Villeneuve.
Les efforts sont réels, notamment ceux de la Ville, mais il faudra du temps et accepter enfin de changer les modes d’intervention. Chacun sait que la question sociale, la pauvreté, le chômage, sont au cœur des embrasements de tels quartiers. Mais on ne peut pas rester les bras ballants en attendant que « ça » change. L’architecture à rénover ? Les habitants n’y croient pas vraiment… 


La vie quotidienne n’est pas simple : les commerces ferment, les incivilités et les trafics sont bien là. Et pourtant il n’y a pas d’autre alternative que de penser la question du quartier avec ses habitants et non pour ses habitants. Cela nécessite une prise de risque. En septembre 2010, un collectif interassociatif a constitué un livre blanc pour réclamer la prise en compte, à côté des projets de rénovation urbaine, des questions d’éducation et de médiation. Avec la présence d’intervenants sociaux, de médiateurs, d’éducateurs, d’animateurs, mais aussi de parents, de voisins, pas uniquement des professionnels.


L’urgence est quotidienne. On a tout dit sur les adolescents qui sèment le trouble. On a peut-être oublié, ou pas vu, qu’il ne s’agit pas d’une jeunesse dangereuse mais en danger. Quand on fait attention, on découvre dans leurs regards des appels au secours qui surprennent mais ne peuvent se dire…