Ils ont osé douter du Louvre Lens : le soldat Portelli monte à l'assaut

De Politis 62
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Une question préalable : Yves Portelli, responsable de l'agence de Lens de La Voix du Nord, aurait-il dans son plan de carrière l'accession au poste de responsable communication du Louvre Lens ?

Si tel est le cas, reconnaissons qu'il y met du coeur à l'ouvrage, émettant tous les signaux pouvant le placer en position favorable.

Une telle attitude est tout à fait légitime et humaine... à condition de ne pas tordre la réalité, en vue de l'adapter à ses objectifs. À condition également de respecter, dans l'exercice de son métier, dans l'écriture de ses articles, un minimum de déontologie.

À l'occasion de la mise sur pied d'un comité de soutien à Ingrid, enfermée à l'hopital psychiatrique de Saint-Venant, il semble bien qu'Yves Portelli ait oublié ces quelques recommandations élémentaires.

Décryptage (comme disent, justement, les journalistes).

Mercredi 27 mars, de 11h00 à midi, Politis 62 et Bruno Mattéi organisent une conférence de presse (et ils avaient pour cela trouvé refuge au LAG), pour informer de l'enfermement d'Ingrid à Saint-Venant. À 12h25, Yves Portelli met en ligne, sur le site de La Voix du Nord, un premier retour concernant cette conférence de presse.

À l'évidence, tout ça ne lui a pas beaucoup plu. C'est vrai que ce qui s'est dit au LAG ce jour là, de la part de Politis 62 et de Bruno Mattéi, n'allait pas spécialement dans le sens des louanges habituelles que décerne, parmi bien d'autres, Yves Portelli au Louvre Lens. En quelques mots, quels sont nos arguments :

  • Il n'est pas juste d'interner une jeune fille de 28 ans, durant de longues semaines (elle pourrait y rester 6 mois !), sans lui donner la possibilité de s'expliquer.
  • Il n'est pas juste de l'isoler : même sa mère ne peut lui rendre visite.
  • L'interner ainsi est tout à fait excessif, et cet excès est à rapprocher de son acte : elle a osé écrire un tag sur le chef d'oeuvre du Louvre Lens, le tableau d'Eugène Delacroix.
  • La décision de faire passer Ingrid pour folle a été prise en un temps record : et si c'était pour dissuader d'utiliser le Louvre Lens comme tribune pour des initiatives militantes, alternatives, revendicatives ?
  • Or, s'en prendre au Louvre Lens, c'est très mal vu...
  • Pourtant, contrairement à l'assourdissant concert de louanges dont on nous rebat les oreilles chaque jour, le Louvre Lens ne fait pas l'unanimité :
    • Et si le Louvre Lens c'était avant tout une histoire de gros sous ?
    • Et si, comme à Paris ou à Metz, l'arrivée d'un musée c'était aussi l'appropriation des villes concernées par la petite bourgeoisie intellectuelle ?
    •  Autrement dit : et si, dans le bassin minier, le Louvre Lens n'était qu'un formidable cheval de Troie, pour remodeler en profondeur le territoire, au profit de cette petite bourgeoisie intellectuelle, et au détriment des classes populaires ?
    • Et si le dynamisme économique qui nous est promis s'appuyait en fait sur des emplois généralement précaires, aux conditions de travail intenables, aux horaires élastiques et aux salaires réduits ?


Bref : toutes ces questions ont heurté Yves Portelli, et son compte-rendu traduit bien la fonction qu'il s'assigne : décrédibiliser toutes celles et ceux qui doutent du Louvre Lens, par tout moyen.

Il y a donc cet article. Extraits et commentaires :

Le titre tout d'abord : Rebondissement dans le tag du Louvre-Lens : Bruno Mattéi y trouve une tribune libre. On ne parle pas des idées, on parle de l'homme. Ce que vise Bruno Mattéi, ce n'est pas la recherche de la justice, vis à vis d'Ingrid, c'est uniquement une tribune, pour parler de lui. Autrement dit, c'est un manipulateur, qui se sert "d'une pauvre fille à moitié folle" pour se mettre en avant.

L'introduction concerne le LAG : un collectif liévinois, le LAG qui revendique son appartenance aux mouvements autogestionnaires de l'ultra gauche (Politis 62). L'ultra gauche, ça ne vous rappelle rien ? Mais si, bien sûr : c'est la mouvance anarcho autonome, vous savez, ces huluberlus de l'affaire de Tarnac... Visiblement, Yves Portelli venait pour en découdre avec le LAG... qui pourtant n'était pas organisateur de la conférence de presse. Les mêmes que Manuel Valls montre du doigt, à propos des mouvements contre la ligne TGV Lyon-Turin, ou l'aéroport Notre Dame des Landes. Que personne, au LAG, ne se soit revendiqué de l'ultra gauche ne semble pas émouvoir Yves Portelli. Car, ce qui importe, c'est de cataloguer, d'étiqueter, pour mieux dénigrer.

Le clou de l'article : un flot de contradictions, d'attaques gratuites, de méconnaissance profonde du dossier du Louvre-Lens, d'approximations... Tout est dit, mais vous n'en saurez pas davantage ! Quelles contradictions ? Quelles attaques ? Quelles approximations ? Yves Portelli n'en souffle mot. Tout ce qu'ont dit Politis 62 et Bruno Mattéi, ça n'est pas bien, mais vous ne saurez pas ce qu'ils ont dit.

Appelons un chat un chat : l'article de Yves Portelli ne donne aucune information. Ce n'est pas un article de journaliste. Un journaliste, même s'il n'est pas d'accord, donne des arguments, et expose les arguments avec lesquels il n'est pas d'accord.

Yves Portelli, dans cet article, s'est lâché, au mépris de la plus élémentaire déontologie. Tout ça traduit une certaine forme d'aveuglement, face à l'arrivée du Louvre Lens : on ne se pose plus de question, on encense, et on dénigre la plus petite voix discordante. Tant pis pour Ingrid, tant pis pour la vérité. La voix de son maître ?