Notes du samedi 20 septembre 2008

De Politis 62
Aller à : navigation, rechercher

À noter, parmi les participants à ce 2ème débat populaire, la présence de militants de ATTAC Artois-Ternois.


Introduction

Lectures du samedi 20 septembre 2008


Compte-rendu

Voici, en vrac quelques uns des échanges provoqués par la lecture des textes de Gorz. Chacun d'entre eux n'a pas forcément fait l'unanimité. Chaque participant au débat peut compléter la prise de notes ci-dessous.

  • Il nous importe de privilégier la satisfaction des hommes dans le travail et la recherche de l'effort minimum. Il nous importe également de préserver l'environnement. Il faut donc garder la maîtrise d'outils de travail à taille humaine. Que dire du gigantisme des centrales nucléaires!
  • Le rapport au travail était différent dans les sociétés précapitalistes:
    • Il s'agissait alors de satisfaire des besoins limités au "suffisant". On retrouve encore cela de nos jours dans certaines sociétés comme en Inde. On peut y voir des gens travailler quelques heures, en fonction de leurs besoins.
    • La gestion était collective, avec une approche différente de la notion de propriété. On le voit encore au Mali, chez les Roms, ..
  • Quand situer la naissance du capitalisme?
    • avec Christophe Colomb et le développement du commerce international ...
    • avec la révolution industrielle, à la fin du XVIII ème siècle, en Angleterre. Il s'est agi alors de produire des richesses pour la bourgeoisie. Naissance du prolétariat et naissance du capitalisme industriel. Exploitation des mines et sidérurgie : charbon et acier. Les témoins parlent de conditions de vie et de travail épouvantables. Marx fut l'un d'entre eux. Il vécut avec sa famille ces conditions.
    • avec le "mouvement des enclosures" en Angleterre. On a transformé des biens publics (forêts, gibier, ..) en propriétés privées. Le peuple s'est retrouvé sans chauffage (faute de pouvoir ramasser du bois) et sans nourriture. Il a du travailler dans les fabriques. On peut parler d'un coup d'état perpétré par des voleurs, des menteurs (qui se sont octroyés ce qui ne leur appartenait pas) et des assassins, puisque les révoltes ont été réprimées dans le sang.
    • Histoire du capitalisme
  • La mécanisation a changé le sens du travail.
    • avec Ford (rappelons ses liens avec le fascisme) et Taylor, l'objectif était la productivité.
    • l'amélioration des conditions de travail qu'elle a parfois permis est à mettre au compte de certains patrons paternalistes, mais surtout de l'intervention des ouvriers eux-mêmes. Naissance du syndicalisme (CGT 1895)
  • Avant le capitalisme, les gens travaillaient pour subvenir à leurs besoins. Ils ne travaillaient donc que le strict nécessaire, puisque les besoins étaient limités au strict nécessaire. Le capitalisme a modifié cela, car il avait besoin de travailleurs réguliers, travaillant le plus possible, pour gagner de la productivité. Il a également eu besoin de créer des besoins nouveaux, pour écouler les biens produits. Le consommateur est né. Mais cela ne s'est pas fait facilement, du jour au lendemain. À la fin du XIX ème siècle, des ouvriers parisiens, les Sublimes, tentent de résister au mode de vie qui s'est répandu : vivre = travailler pour survivre + récupérer des forces pour pouvoir repartir travailler. Au début du XX ème siècle, il a fallu une loi en Angleterre pour obliger les candidats à l'embauche à accepter de travailler à temps plein. C'est à la demande de réduire la durée du travail que le patronat a toujours opposé la résistance la plus âpre. Il a préféré accorder des congés payés plus longs dix. Gorz en 1992
  • Aujourd'hui, c'est nous qui réclamons de travailler à temps plein !!! Nous n'avons jamais été autant prisonniers, aliénés : travail (par nécessité, pour satisfaire des besoins en partie créés), TV , grandes surfaces, ... Comment expliquer l'acceptation, la passivité, des gens?. Les conditions de vie difficiles? Le manque de perspectives défendues par le gauche? La faillite de l'enseignement et de l'éducation populaire? Jacques Généreux parle de résilience : Cette majorité silencieuse se protège en « restant à côté », en « faisant avec », en supportant, en se créant d’autres mondes, d’autres joies. Mais cette résilience « peut avoir pour effet d’aggraver une pathologie sociale en inhibant la volonté et la capacité de résistance des individus » (La dissociété p. 421). Nous sommes, en quelque sorte, enfermés dans des attitudes résilientes qui nous font accepter l’inacceptable et croire que c’est la meilleure solution.
  • Que faire pour sortir de cette attitude fataliste? Retrouver une personnalité comme Jaurès ou Blum? L'importance n'est-elle pas dans les idées plutôt que dans un homme? Faut-il utiliser le système médiatique actuel pour les diffuser? La télé? Cela fait débat. Mais aussi internet, Politis : tables de vente, le faire lire autour de nous, le laisser dans les salles d'attente, ...5% de motivés entraînent 20% de gens
  • Parler de gratuité impose de s'interroger sur la place de l'homme dans la société, sur celle de l'activité, du travail...
  • Une norme du suffisant : c'est imaginable pour nous, mais pour l'industriel ????
  • Un revenu garanti : cela ressemble aux propositions de Christine Boutin! ....de la charité???......cela n'entraînerait-il pas de la désocialisation?
  • Revenu garanti, gratuité, norme du suffisant, .... un arbitrage sera nécessaire. Comment? Gorz ne fait pas de propositions concrètes. C'est un philosophe. Il parle de la nécessaire intervention du politique, de l'État (projet social), et du non moins nécessaire débat démocratique. Aujourd'hui, d'autres dépassent le stade de la dénonciation et font des propositions : Patrick Viveret, Jean Gadrey, Paul Ariès,...
  • Çà devrait être notre axe prioritaire : faire des propositions concernant les institutions.
  • Il faudrait que la gauche se situe clairement dans le camp anti-productiviste (et non anti-production).
  • N'y a-t-il pas contradiction entre la proposition de revenu garanti et celle de rejeter la prise en charge des individus par l'État ?
  • La Révolution Française est-elle terminée?
  • On pousse aujourd'hui les gens à se disputer les emplois, à les accepter à des conditions défavorables, on traque les chômeurs. On croirait revivre Les raisins de la colère


Et pour inviter à d'autres lectures, quelques extraits de "Le mésusage" de Paul Ariès (p.11) :

Le travailleur fut dépouillé de ses instruments de production. Il fut dépouillé du produit de son travail. Il fut dépouillé d'une part essentielle de la valeur produite par son travail. Il fut dépouillé de son identité professionnelle et de sa culture de métiers. Il fut dépouillé de son langage, de ses solidarités, de ses collectifs. Il est dépouillé, aujourd'hui, du sens même de son travail puisqu'on continue à lui faire croire que sa force de travail serait indispensable au système et qu'elle justifierait son salaire alors que ce travail n'est imposé que pour le maintenir dans la sujétion. (...) Nous resterons incapables de reconstruire un nouveau projet de société, conforme à la réalité environnementale du monde, mais aussi aux aspirations humaines les plus profondes, si nous nous contentons de répéter les mêmes banalités sur le travail perdu. L'enjeu est non seulement d'interroger la signification actuelle du travail, mais de repenser les activités humaines à l'échelle de la vie