Octobre 2010 dans le bassin minier : greves et blocages

De Politis 62
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La stratégie du pouvoir

26 octobre 2010 :

  • La loi a été adoptée par le Sénat. La procédure parlementaire aboutira, dans les jours/semaines qui viennent.
  • La communication du gouvernement et des médias est très forte pour tenter d’affaiblir la grève. Ils insistent en particulier sur les déblocages de dépôts pétroliers (sans évoquer les reblocages qui ont lieu) et sur les réquisitions de salariés des raffineries ou du nettoiement. Rappelons que de telles réquisitions sont légales seulement en période de guerre ou quand la sécurité des personnes est menacée.
  • Le Medef et la Cgpme s’inquiètent tous deux des pertes financières dues aux grèves. Plusieurs ministres reprennent le refrain en choeur.


La stratégie du PS

  • Le parti socialiste dit vouloir défaire la loi, en cas de victoire en 2012.
  • Dans le même temps, le PS précise qu'il ne reviendra pas sur les lois de 1993 et de 2003, qui ont déjà contribué à faire reculer les droits en matière de retraite.
  • Le PS ne réclame plus officiellement le retrait du texte sur les retraites (ça, c'était vrai le 12 octobre : déclarations de Martine Aubry, puis de Ségolène Royal), mais la suspension de son examen (nouvelle déclaration de Martine Aubry, deux jours plus tard).
  • Il approuve aussi l'allongement de la durée de cotisations – 41,5 ans à l’horizon 2020
  • Quelques déclarations de dirigeants du PS :
Jean-Marc Ayrault président du groupe PS à l’Assemblée nationale : 
« geler le texte tel qu’il est aujourd’hui, parce que tout n’est pas forcément à rejeter »
François Hollande : 
« Il faut que la porte du gouvernement s’ouvre et qu’une discussion sur la base du projet actuel puisse se faire avec 
le gouvernement et les partenaires sociaux »
Martine Aubry :
« Nous reviendrons aux 60 ans pour ceux qui ont travaillé tôt et qui ont fait des travaux ­pénibles »
« nous acceptons parfaitement l’augmentation de la durée de cotisation »
Michel Sapin :
« Le message, c’est que les socialistes ne disent pas “on rase gratis”. 
Il y a des efforts à faire, elle (Martine Aubry) l’a dit clairement »
  • Enfin, pour se convaincre des intentions du parti socialiste, il n'est pas interdit de regarder du côté de la Grèce et de l'Espagne, dirigées par ce même parti socialiste. À chaque fois on y retrouve les mêmes recettes : baisse des salaires, baisse des retraites, casse des services publics, cadeaux aux banques...


Le mouvement social

  • Quoiqu'en disent le gouvernement et les média, de nombreuses régions ou secteurs professionnels sont mobilisés ou démarrent tout juste (comme les étudiants par exemple). C'est le cas dans le Pas-de-Calais (voir plus bas).
  • Quoiqu'attende le parti socialiste, de nombreuses personnes ne sont pas convaincues par la petite musique qu'il nous fredonne : Espérez en la gauche... Attendez 2012...
  • De fait, le mouvement social est dans une passe difficile et la question qui se pose de plus en plus est celle de rebondir après les vacances scolaires.
  • Le communiqué de l’intersyndicale concernant les deux nouvelles journées d’action jeudi 28 octobre et samedi 6 novembre est très mou, appelant à respecter la « sécurité des biens et des personnes », ce qui revient en gros à se démarquer des blocages organisés par les équipes syndicales dans bien des départements, dont le Pas-de-Calais.


Dans le Pas-de-Calais

Depuis deux semaines, chaque jour, 200 à 250 personnes, dans le bassin minier, organisent des actions de type blocage. Quelques exemples :

  • Opération escargot en camion
  • blocage des raffineries et dépôts de carburants
  • blocage de la Centrale commerciale de Libercourt
  • blocage de la Centrale commerciale de Vendin ou Vimy
  • blocage de l'A1 et de la plateforme multimodale DELTA 3
  • blocage du chantier du Louvre à Liévin
  • blocage de la société DMS à Annay
  • opération péage gratuit à Fresnes
  • l'IUT de Lens a voté la reconduction des blocages
  • blocage de l'entreprise NICOLIN
  • blocage de l'entreprise CITERNOR, afin d'éviter le ravitaillement en hydrocarbure pendant le week-end (soutien aux copains des raffineries)
  • blocage de la Française des Mécaniques à Douvrin
  • blocage Logidis Lens (intervention du commissaire divisionnaire, avec menace d'interpellation des personnes pour « troubles à l'ordre public ».)


Grève générale ?

Chaque soir, à 16h30, une réunion se tient au local syndical, 16, rue Victor Hugo, à Avion (elle se tenait, au début du mouvement, au buffet de la gare à Lens).

Le 21 octobre, un débat s'est installé durant la réunion, concernant la proposition de faire figurer les mots « Grève générale » sur les tracts.

Ce qui ressort de ce débat est que nous souhaitons en majorité ce « rêve générale » mais qu'il n'est 
peut-être pas encore le moment de le faire figurer. Il y aurait des risques de faire peur aux gens
et que cela demanderait énormément de forces pour passer des mots aux actes. La grève générale est 
un gros boulot. Le débat se prolonge mais aucune décision n'est prise pour le moment.


La place des élus

Un débat s'instaure ensuite sur l'arrivée des politiques sur l'action. Il en ressort que nous n'avons pas besoin, 
sur le terrain, de l'aval des responsables politiques pour mener nos actions et motiver les collègues. 
Nous continuons à travailler comme précédemment et si les élus nous rejoignent, tant mieux.
A nouveau, et c'est normal dans ce genre de mouvement, la question des politiques a été remise sur la table.
Il est ressorti du débat qu'ils serait évidemment bon que les élus s'expriment ouvertement et 
médiatiquement sur leurs positions quant au soutien, ou non, du retrait des lois de réforme de retraite.


Dans les jours qui viennent

  • Mercredi 27 octobre : blocage de la plateforme commerciale intermarché de Vimy dès 4h.
  • Mercredi 27 octobre : diffusion de tracts au Centre Hospitalier de Lens dès 12h45
  • Jeudi 28 octobre : Manifestation à Lens dès 10h, Place du Cantin. AG ouverte à tous en fin de cortège.
  • Vendredi 28 octobre 2010 : Opération Péage gratuit dès 7h
  • Vendredi 28 octobre 2010 : ATTENTION, l'AG de 16h30 se déroulera Vendredi à l'UL CGT de liévin. (A 200m du Cinéma Arc en ciel de Liévin).


Les retraites : questions de fond

Il est évident que la réforme des retraites, voulue par le Medef, conditionne de grandes questions de société. D'un côté le patronat veut en faire une réforme exemplaire, mettant à bas définitivement le code du travail, et ouvrant grand les portes aux assurances privées, pour faire main basse sur le pactole de la retraite par répartition.

De l'autre côté, il faut bien constater que nous ne portons pas suffisamment le débat au niveau qu'exigent ces questions de société. Typiquement, de quoi est-il question, si ce n'est d'imaginer la vie que nous voulons, dans le cadre d'une société nouvelle, post-capitaliste ? Et celà doit nous amener à nous interroger :

  • Sur la place du travail dans cette nouvelle société : sortir de la civilisation du travail, pour entrer dans la civilisation du bonheur, pour tous.
  • Sur les revendications immédiates, pour y parvenir : la retraite à 55, 50, ou 45 ans; la semaine de 3 jours; etc...
  • Sur le contenu du travail : pour produire quoi ? dans quel but ?

Notamment, quand Strauss Kahn déclare (en mai 2010) : Si on vit jusque 100 ans, on ne va pas continuer à avoir la retraite à 60 ans, il faut sans doute clairement répondre Et pourquoi pas ? Et pourquoi pas 55 ans, ou moins, etc...

Mais tout ça passe par la remise à plat de ce qu'est le travail, de sa finalité. Contrairement aux apparences, nous sommes sans doute très nombreux à souhaiter ce débat, à commencer par toutes celles et ceux qui ont un travail mais qui n'en voient pas le sens, ainsi que toutes celles et ceux que la société a déclassé, en les privant d'emploi.

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Novembre 2010 dans le bassin minier : la mobilisation de l'intersyndicale