Arc-en-ciel Liévin : on ferme ?

De Politis 62
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Pas bon pour le moral

La ville de Liévin a de quoi démoraliser plus d'un militant antilibéral, écologiste, objecteur de croissance...

  • C'est une ville qui a été abandonnée au Marché. On y trouve une des zones commerciales les plus affreuses de la région, comportant tout ce que le Marché a pu engendrer d'aberrations dans le domaine de la société de consommation, de la mal-bouffe, de la sous-culture, du règne de la bagnole, etc : un hypermarché gigantesque (Carrefour), un discount peu regardant sur les conditions de travail de ses salariés (LIDL), Un MacDo et un Quick, l'un en face de l'autre, un cinéma multiplexe (Pathé).
  • De nombreux commerces ont déjà fait les frais de l'implantation de cette zone déshumanisée. Le centre ville de Liévin connait de plus en plus de boutiques vides, attendant vainement un repreneur.
  • La zone commerciale est traversée par le boulevard François Mitterrand. C'est une avenue qui est surnommée le boulevard de l'automobile, à la fois parce qu'elle est constamment fréquentée par un flot ininterrompu de voitures (10.000 véhicules / jour), et parce que, sur une distance de quelques centaines de mètres, on y trouve toutes les concessions automobiles, de toutes les marques.
  • Les piétons et cyclistes souffrent à Liévin : pour les uns, la traversée du boulevard François Mitterrand est un vrai parcours du combattant, pour les autres, l'absence de pistes cyclables traduit la place qu'on veut bien leur laisser.
  • C'est une ville envahie par la publicité, et qui est même l'une des toutes premières à s'être dotée d'un panneau publicitaire en affichage vidéo : Liévin : Publicité = Violence.
  • C'est une ville ouvrière, frappée de plein fouet par les difficultés sociales, une ville de gauche, mais dont la municipalité n'a rien trouvé de mieux pour faire reculer la délinquance que de mettre en place un dispositif de vidéosurveillance : Liévin : Non à la vidéosurveillance

Pour soigner son moral

Heureusement, Liévin a des atouts, et notamment l'Arc-en-ciel. C'est un équipement idéalement situé en centre ville, et qui pratique une politique culturelle (musiques, théâtre, cinéma, arts plastiques) de proximité, et de qualité :

  • les prix d'entrée sont très bas, et un système d'abonnements permet d'avoir régulièrement des entrées gratuites.
  • les établissements scolaires fréquentent régulièrement l'Arc-en-ciel, et bénéficient d'animations de qualité (notamment dans le domaine du cinéma et des arts plastiques.
  • le cinéma propose des films de type Art et essai, des films qu'on ne trouve pas au Pathé, des films sous-titrés. Régulièrement, les séances sont suivies de débats, avec des professionnels de la critique, ou des réalisateurs.

Vers la fin du cinéma ?

C'est en tout cas ce qui se dit, depuis le début du mois de juin 2008. Sans aucune concertation, ni avec le public, ni avec les salariés de l'établissement, le Conseil d'Administration aurait pris la décision de fermer l'activité cinéma. C'est évidemment une énorme surprise, à laquelle personne ne s'attendait.

Les motivations ne sont pour l'instant pas clairement connues, notamment du fait que la décision n'est toujours pas diffusée officiellement. On peut imaginer que l'argent fait partie des arguments avancés : l'activité ne serait pas suffisamment rentable. Ben voyons : qu'est-ce que ça veut dire, une activité culturelle rentable ?

Il se dit également que la direction de l'établissement, davantage sensible aux activités musique et concerts, ne verrait pas d'un mauvais oeil le fait de récupérer les salles de cinéma, pour en faire des lieux de répétition de groupes musicaux.


Les premières conséquences

  • Tout d'abord, c'est une activité cinéma originale et exigeante qui disparaît. Et ça n'est pas acceptable : le cinéma français est en crise, victime de la mondialisation. Aller au cinéma, en 2008, c'est aller voir une superproduction, la plupart du temps américaine, dans un multiplexe, après avoir tourné en voiture dans un parking immense, et avant de finir la soirée dans un MacDo. L'Arc-en-ciel ce n'est pas ça. L'arc-en-ciel, ce sont des petite salles. On arrive encore à discuter avec d'autres spectateurs, on n'y est pas anonyme. Les débats organisés sont enrichissants, on en ressort un peu plus intelligent.
  • L'arc-en-ciel c'est également un cinéma de proximité, fréquenté par l'ensemble des établissements scolaires de la ville. Il parait que, suite à la fermeture du cinéma, c'est le Pathé qui pourrait accueillir les classes d'élèves. Ce serait particulièrement scandaleux : on ferme une activité à caractère public, pour la confier au privé, avec les conséquences que l'on peut facilement imaginer en matière "d'optimisation" de la fréquentation des scolaires.
  • Enfin, on ne peut manquer de s'interroger sur les conséquences sociales de la fermeture de l'activité cinéma. À quelle sauce seront mangés les personnels de l'Arc-en-Ciel ? Inévitablement, les mots qui viennent en premier à l'esprit sont licenciements et reclassements.

À plus long terme

Si on laisse fermer l'activité cinéma, si on entérine sans réagir cette fermeture, on peut craindre le pire pour les autres activités de l'équipement. Par exemple, quel sera l'avenir de l'activité arts plastiques, pourtant extrèmement riche, à quelques mois de l'ouverture du Louvre-Lens ? Les mêmes soucis de rentabilité et d'optimisation ne risquent-ils pas de conduire à développer les arts plastiques exclusivement autour du Louvre-Lens ?