200903 : Fraternité-migrants mars 2009 : Différence entre versions

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== Jeudi 26 mars 2009 : intervention policière ==
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'''En vrac, les propos recueillis auprès de témoins : '''
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* Il est 10h00 - 10h30
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* Il n'y a aucun uniforme, uniquement des policiers en civil, avec des Kway de police, et des brassards.
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* les voitures : des 206, des OPEL, des 307, pas de fourgon.
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* les véhicules sont immatriculés dans le 75, le 94 et également le 59.
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* les policiers ont rassemblé les migrants.
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* la rue est fermée au niveau de l'entrée du chemin des vaches, à l'endroit où elle fait une fourche avec la rue qui mène à Aix.
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* les migrants sont regroupés et attachés ensemble, mains dans le dos, en file, "comme du bétail" (expression d'un témoin, qui traduit toute la délicatesse des forces du désordre).
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* les migrants sont debout, frigorifiés, sous la pluie.
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D'autres propos recueillis auprès de témoins : ''l'intervention policière n'a rien de militaire : il n'y a pas de chiens, pas de treillis; il s'agit d'un gros coup de filet, pour permettre à Besson et à la police de faire remonter des chiffres et annoncer que la situation est sous contrôle.''
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'''La suite : '''
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* En soirée, on ne sait pas combien de migrants ont été emmenés, ni où. Il est vraisemblable que tous les migrants qui se trouvaient au camp ont été emmenés.
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* L'action des bénévoles se poursuit : l'équipe qui devait assurer le repas du soir s'est rendue au camp. Quelques migrants s'y trouvaient, tous sous le choc. Ils n'ont pas été impliqués dans la rafle, car ils n'étaient pas sur place à l'heure dite. Le camp n'a pas été touché : tout est en l'état, sans dérangement.
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* Les initiatives pour savoir où ont été emmenés les migrants, et leur apporter notre soutien se mettent en place (contacts en cours avec le MRAP et la Cimade).
  
 
== Week-end des 21 et 22 mars 2009 ==
 
== Week-end des 21 et 22 mars 2009 ==

Version du 26 mars 2009 à 23:28

Menu principal : Fraternité-migrants bassin minier 62

Jeudi 26 mars 2009 : intervention policière

En vrac, les propos recueillis auprès de témoins :

  • Il est 10h00 - 10h30
  • Il n'y a aucun uniforme, uniquement des policiers en civil, avec des Kway de police, et des brassards.
  • les voitures : des 206, des OPEL, des 307, pas de fourgon.
  • les véhicules sont immatriculés dans le 75, le 94 et également le 59.
  • les policiers ont rassemblé les migrants.
  • la rue est fermée au niveau de l'entrée du chemin des vaches, à l'endroit où elle fait une fourche avec la rue qui mène à Aix.
  • les migrants sont regroupés et attachés ensemble, mains dans le dos, en file, "comme du bétail" (expression d'un témoin, qui traduit toute la délicatesse des forces du désordre).
  • les migrants sont debout, frigorifiés, sous la pluie.

D'autres propos recueillis auprès de témoins : l'intervention policière n'a rien de militaire : il n'y a pas de chiens, pas de treillis; il s'agit d'un gros coup de filet, pour permettre à Besson et à la police de faire remonter des chiffres et annoncer que la situation est sous contrôle.

La suite :

  • En soirée, on ne sait pas combien de migrants ont été emmenés, ni où. Il est vraisemblable que tous les migrants qui se trouvaient au camp ont été emmenés.
  • L'action des bénévoles se poursuit : l'équipe qui devait assurer le repas du soir s'est rendue au camp. Quelques migrants s'y trouvaient, tous sous le choc. Ils n'ont pas été impliqués dans la rafle, car ils n'étaient pas sur place à l'heure dite. Le camp n'a pas été touché : tout est en l'état, sans dérangement.
  • Les initiatives pour savoir où ont été emmenés les migrants, et leur apporter notre soutien se mettent en place (contacts en cours avec le MRAP et la Cimade).

Week-end des 21 et 22 mars 2009

Un des bénévoles de Fraternité Migrants Bassin Minier 62, le père Michel, est venu rencontrer nos amis migrants, en compagnie de Soeur Elisabeth, qui est elle-même d'origine vietnamienne. Durant plusieurs heures, aux douches et au camp, les discussions ont été riches, et souvent émouvantes, entre les bénévoles, les migrants, et leur compatriote religieuse. Concernant justement les aspects religieux, nous avons ainsi découvert que les vietnamiens (tout au moins ceux qui sont croyants) pratiquent soit la religion catholique, soit le culte des ancêtres. À l'occasion de la venue du père Michel et de soeur Élisabeth, les catholiques se sont informés des horaires des messes à Angres. Dès le lendemain matin, dimanche, certains d'entre-eux participaient à l'office religieux.

20090322-MesseAngres.jpg

Samedi 21 mars 2009

Une des bénévoles de Fraternité Migrants Bassin Minier 62 participe à la réunion de la CFDA (Coordination Française pour le Droit d'Asile), à Calais. Elle a notamment pu aborder les aspects spécifiques liés aux migrants sur Angres. Ci-dessous son compte-rendu "à chaud" :

Conformément à l'ordre du jour, la matinée a été consacrée à la présentation des actions des associations (C'sur et Salam de Calais, 
Salam de Dunkerque, Terre d'Errance de Norrent-Fontes, Terre d'Errance de Steenvoorde, Itinérance de Cherbourg, Collectif des exilés 
de Paris 10ème, Salam et Emmaüs de Saint Omer, La Cimade, Médecins du monde, Amnesty international...).

Bien entendu, un grand nombre d'actions des différentes associations sont semblables aux nôtres: aides alimentaire et vestimentaire,
douches, accueil grand-froid. Par contre, j'ai noté un certain nombre d'actions qui pourraient peut-être, à l'avenir, être
transposées à Angres ( certaines d'entre elles sontdéjà en germe dans nos actions quotidiennes) :
=> Etablir un dialogue avec les autorités (sans doute déjà amorcé par Amnesty International: campagne de lettres aux parlementaires
sur la base des 19 recommandations du CFDA).
=> Etablir un dialogue avec les pouvoirs publics.
=> Sensibilisation des riverains.
=> Information des migrants sur leurs droits.
=> Information sur le droit d'asile.
=> Accompagnement à l'asile (système de parrainages).
=> Alphabétisation.
=> Rappels à l'ordre des hôpitaux pour faire fonctionner la PASS (Permanence accès aux soins de santé).
=> réseau de médecins qui font des actes gratuits.
=> Analyse de la législation pour les mineurs.

À l'occasion des diverses interventions ont resurgi de manière lapidaire les problèmes liés à la lutte contre l'immigration :
- Exactions policières à l'encontre des migrants ( à Calais, arrestations à proximité des lieux de distribution des repas ou
des lieux médicaux),
- Augmentation de la pression sur les bénévoles,
- Insuffisance des moyens mis à disposition,
- Tensions entre les différentes communautés,
- Difficultés pour informer les migrants sur leurs droits,
- Obstacles au droit à l'asile ...

Parmi les interventions des uns et des autres, il m'a semblé que l'exemple de Steenvoorde pouvait être assez instructif car
éventuellement transposable à Angres en cas d'intervention policière musclée. En effet, après une interpellation très dure
après laquelle les migrants se sont trouvés dispersés, la municipalité a bien voulu accorder son soutien en prêtant un
terrain où ont été installées deux tentes de couchage et une tente d'aide de vie. Il serait donc possible de demander
l'appui du maire pour obtenir un terrain communal à l'exemple d'autres communes.

Pendant le temps du midi, j'ai pu discuter de la spécificité du problème vietnamien avec un représentant de la Cimade
( Andry Ramaherimanana) qui a pu m'éclairer sur certains points:
=> En chiffres, les vietnamiens sont classés 4ème dans les centres de rétention, ils ne sont donc pas minoritaires.
=> Le principal réseau passe par l'Allemagne.
=> Ils pourraient tenter une demande d'asile à condition que leurs empreintes n'aient pas été relevées en Allemagne ou dans
un autre pays où ils auraient transité (Règlement Eurodac).
=> En général, les vietnamiens se replient sur eux-mêmes. Ils sont ressentis par Andry comme une communauté à part. Ils se
confient rarement et c'est souvent difficile de les aider même en présence d'un bon interprète.

Ceci dit, je ne voudrais pas nous décourager. Il me semble au contraire que nous avons fait un travail exemplaire de mise en
confiance de personnes en détresse d'une sensibilité différente de la nôtre.

Le programme de l'après-midi (Identification de thématiques et d'outils à partir desquels un travail commun sur le long terme
pourrait être envisageable) s'est révélé beaucoup plus laborieux.
Une discussion à bâtons rompus a fait émerger un tas de problèmes particuliers impossibles à traiter en l'espace d'un après-midi.
A l'issue des différentes interventions sont apparus :
=> Un besoin d'information juridique (Un calendrier de formation à l'attention des bénévoles pourrait être proposé par la Cimade).
=> Un projet de création d'un espace sur le net ( liste de discussion, portail, site...) avec des groupes de discussions autour
de cinq thématiques principales:
- Violences policières
- Délit de solidarité
- Asile
- Accueil digne et inconditionnel
- Le problème des mineurs

Il s'agit d'engager une réflexion sur le long terme. Néanmoins,sur le court terme, il faudrait aussi pouvoir opposer la réalité
du terrain au discours d'Eric Besson qui doit revenir prochainement à Calais.

Le camp, en mars 2009

À voir dans la galerie photos ci-dessous :

  • Nettoyage du camp
  • Construction de WC
  • Installation d'une nouvelle chambre
  • Séance coiffure
  • Déplacement de l'autel
  • Nettoyage du chemin d'accès
  • Préparation de repas
  • Apport de soupe par les bénévoles
  • Pause café


Manifeste pour la liberté d'action humanitaire

Suite à l'arrestation d'une bénévole de Terre d'Errance, bénévole au camp de migrants de Norrent-Fontes (voir Solidarité avec Monique Pouille), les représentants de différents collectifs (dont des bénévoles d'Angres), ont convenu de faire signer un Manifeste pour la liberté d'action humanitaire.

En voici le texte :

MANIFESTE POUR LA LIBERTÉ D'ACTION HUMANITAIRE

Nous, organisations et citoyens soussignés, condamnons sans réserve la criminalisation des hommes et 
femmes solidaires des migrants.

Nous sommes scandalisés par les mises sur écoute, les intimidations et les arrestations dont ils sont 
victimes.

Nous soutenons et soutiendrons toutes celles et ceux qui sont ou seront inquiétés par les autorités 
pour avoir tendu la main à des hommes et des femmes innocents, abandonnés dans nos fossés par les états 
européens.

Nous demandons la mise en place d’une nouvelle politique de l’immigration, une politique à visage humain,
soucieuse de la dignité et des libertés de chacun.

Le drame de l'après-Sangatte a trop duré.

À télécharger :